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← articles plus anciens 28 juin 2013 , par noémie peyrard au revoir saint-pierre-des-corps quand il nous a transmis les rênes des épines fortes en novembre 2012, frédéric potet nous l’avait assuré : « vous allez vous régaler. » le moins que l’on puisse dire, c’est que nous n’avons pas été déçus. pour nous, journalistes en devenir, ce blog a été une belle aventure collective. chacun d’entre nous a pu, tout au long de ces mois, être ce reporter « flâneur, ce passant infatigable » tel que le définissait le grand journaliste henri béraud au milieu du siècle dernier, âge d’or du reportage écrit. dans le cadre de notre apprentissage du métier, nous avons eu la chance de pouvoir faire l’expérience de ces divagations productives. aujourd’hui, la liberté et le temps de flâner sont deux luxes que la presse ne s’autorise plus guère. beaucoup de nos articles, eux, n’ont pas été déterminés par l’actualité immédiate. nous pouvions, sans crainte de ne pas entrer dans les limites imparties, sans prendre de raccourci et sans frustration, raconter tout ce qu’il nous semblait important de dire, de montrer. à la suite de frédéric potet, nous avons continué à dresser, par touches impressionnistes, le portrait de saint-pierre-des-corps. entre lutte des classes assumée (voir les portraits de dominique maugars , fabien lemettre , des vendeurs de l’huma dimanche…), solidarité (voir les articles sur le centre municipal de santé , le patronage laïque , le foyer sdf …), précarité (voir les reportages sur le sac à malices , les jeunes de la mission locale …) et culture vivante (voir les instantanés sur saint-pierre express , les soirées d’ improvisations théâtrales , le cinéma …), la singularité de ce bastion communiste et cheminot s’est montrée à nous. et puis il y a eu ces personnalités d’ailleurs que l’on n’imaginait pas croiser dans ce nœud ferroviaire où beaucoup de gens ne font que passer : le palestinien bassem daoud , l’iranien taghi akhbari , le libyen mussa el-basher ont posé là leurs valises pour vivre et tenter d’oublier leur exil. tenir ce blog a pour nous été l’occasion de nous nourrir de rencontres et de raconter des histoires. des histoires que vous avez aimées, commentées, suggérées. il est frustrant de devoir arrêter au moment où l’on a l’impression d’avoir (enfin) réussi à saisir l’esprit du lieu, alors que les rues de cette ville attachante nous sont devenues familières et que nos idées reçues se sont doucement érodées au fil de l’expérience. c’est avec le sentiment d’en avoir appris un peu plus sur le métier de journaliste que nous allons prendre nos chemins respectifs vers un avenir professionnel qui a pour point de départ saint-pierre-des-corps et les quais de sa gare. margaux baralon, anthony bonnet, baptiste lafferrerie, arnaud manceau et noémie peyrard publié dans non classé | marqué avec blog , fin , saint-pierre-des-corps , une année en france | 2 commentaires 24 juin 2013 , par margaux baralon en attendant saint-pierre-sur-loire… en clôture de ce blog, nous avons dessiné, en nous inspirant des désirs et des rêves recueillis au fil de nos pérégrinations, ce que pourrait être cette commune dans le futur. nous l’avons baptisée saint-pierre-sur-loire. un nom imaginaire, même si aujourd’hui, clin d’œil du hasard, ce nom est porté par une paroisse des environs de nantes créée en 2003 et regroupant plusieurs villages. l’idée peut paraître farfelue même si le plus long fleuve de france borde la ville au nord sur près de 4 kilomètres. « les bords de loire ? j’y vais à tours, pas à saint-pierre. » mme boudu, coiffeuse au salon intermède, résume bien l’attitude de ses habitants à l’égard du fleuve royal. à tours se trouve la guinguette qui anime les bords du fleuve de mai à septembre. à saint-pierre, derrière la digue qui protège la ville, se déroule le ruban de la loire à vélo, fait pour les hôtes de passage, coureurs ou cyclistes, casque vissé aux oreilles, et qui n’aperçoivent de la cité cheminote que le haut des tours du quartier populaire de la rabaterie. à quelques mètres en contrebas de la route, la loire à vélo borde le fleuve. l’endroit est avant tout un axe de passage pour les cyclistes entre tours et la ville-aux-dames, mais pourrait être agréable sans le bruit de la circulation. photo : gwenoline lemonnier arthur, 14 ans, un bonnet sur la tête, parcourt régulièrement ce chemin avec son ami thomas, 15 ans. ils se sont arrêtés sur l’un des rares bancs posés au bord de l’eau. « une fois que tu as passé saint-pierre pour aller à tours ou à la ville-aux-dames, le paysage devient plus beau , affirme arthur. ici, il n’y a rien. » thomas, amoureux de la nature, renchérit : « à saint-pierre, il faudrait mettre le fleuve plus en valeur. » alors que le val de loire est classé pour sa beauté, la richesse de sa faune et de sa flore au patrimoine mondial de l’unesco, le fleuve est boudé par la ville. il n’en fut pas toujours ainsi. à l’association pour l’étude de l’histoire et de la vie sociale de saint-pierre-des-corps, les adhérents sont nostalgiques. auparavant, les berges de la loire étaient un lieu prisé des familles : on pêchait le brochet, la truite, le saumon. le dimanche, on flânait sur les grèves de sable blond, on se baignait dans le fleuve et certains même y lavaient leur linge. un bac permettait de traverser vers sainte-radegonde, un village niché au pied du coteau opposé. a l’ouest de la ville, vers tours, le canal de berry reliait la loire au cher. lieu de promenade et de fête, c’était l’un des endroits les plus vivants de la ville : bals et mariages se tenaient dans les guinguettes. le cœur de saint-pierre battait alors au bord du fleuve : on y trouvait la mairie, de nombreux restaurants, des auberges. le souvenir du bistrot du val fleuri, qui se transformait en dancing le dimanche, demeure toujours vivant dans la mémoire des anciens. le canal a été détruit en 1944. sur sa percée, on a construit l’autoroute a10 dans les années 60. la route qui emprunte la digue de la loire, un des axes d’entrée de tours, est devenue passante et dangereuse, impossible à traverser sans s’armer d’une infinie patience. « on est obligé d’aller tout au bout de saint-pierre, sous le pont de l’autoroute, pour accéder au fleuve » , regrette michel davernon, le patron du café de la ville. l’un de ses clients, alain boisseau, confie que, plus jeune, il faisait du vélo sur les rives de la loire. « aujourd’hui, ce sont les touristes qui nous font prendre conscience de la chance que nous avons d’avoir un tel fleuve. » à saint-pierre-des-corps, le piéton n’est pas roi pour rejoindre les bords de loire. traversée par les poids lourds et voitures qui rejoignent tours, la départementale 751 est difficile à traverser. photo : gwenoline lemonnier refaire une ville liée à la loire, c’est sûrement possible. mis à part la piste cyclable goudronnée en 2008, la berge est peu exploitée. certes, le risque de crue est classé « important » : 113 000 habitants sont concernés. le service urbanisme de saint-pierre-des-corps, évidemment, le prend en compte. « c’est très compliqué d’aménager la digue elle-même. c’est un lieu vulnérable , explique barbara rivière, responsable du service. c’est pour ça qu’il n’y a pas de restaurant au bord de la loire. » comme pour la guinguette de tours ou celle de rochecorbon, les installations doivent être provisoires et facilement démontables. pourtant, barbara rivière souhaite redonner un sens à ce fleuve. « ce que j’aimerais c’est que la nature et la biodiversité reprennent le dessus. c’est formidable pour une ville d’avoir des espaces non réglementés, des espaces de liberté. » le service a déjà planché sur quelques projets pour favoriser l’accès aux berges de la loire. la route dangereuse devrait changer de visage à partir de 2015. « nous allons la réaménager, réguler le stationnement pour rendre sa traversée plus facile » , avance barbara rivière. un des accès, au pied du pont de l’autoroute, devrait également changer pour mieux accueillir les promeneurs.